ANUNA – CHANTS SACRES D’IRLANDE 15-juin
200.00 MAD
Jardin Jnan Sbil//16h30
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Description
Faeries, come take me out of this dull world,
For I would ride with you upon the wind,
Run on the top of the dishevelled tide,
And dance upon the mountains like a flame.
The Land of Heart’s Desire – William Yeats
Malgré la richesse et la sophistication se nichant au cœur des formes musicales irlandaises traditionnelles, les chœurs ne manifestent qu’une histoire très récente datant essentiellement de la fin du XXème siècle. Un des objectifs premiers d’Anuna- ensemble vocal basé à Dublin et fondé en 1987 par le compositeur et ténor Michael McGlynn- repose justement dans l’exploration et la redéfinition du chœur irlandais des temps anciens jusqu’à aujourd’hui.
L’étymologie d’Anuna provient du terme gaélique An Uaithne et désigne trois anciens types de musique irlandaise : Suantrai (les berceuses), Geantrai (les chants de réjouissances) et Goltrai (les lamentations). Le répertoire éclectique de cette chorale, au spectre vocal d’une grande amplitude, se joue de toute identité figée et prône, au contraire, une itinérance spatio-temporelle dans les harmonies et les mélodies des époques révolues. Le son qui caractérise cette formation -au-delà de ses fondateurs John McGlynn, Miriam Blennerhassett, Monica Donlon et Garrath Patterson- tient à la vision artistique de son fondateur: Michael McGlynn. En effet, ce dernier compose ou arrange toutes les chansons à partir de musiques mystiques qui ont su provoquer un impact fort et résonner avec sa propre sensibilité. Musique classique, musique celtique, musique modale, musique contemporaine…la définition d’Anuna se révèle plus riche que l’affiliation à ces catégories musicales. L’histoire médiévale de l’Irlande mais également sa littérature, ses manuscrits du XIIème siècle et sa poésie sont mis à l’honneur dans le travail de composition. Yeats, Francis Ledwige, Wallace Stevens…autant d’emblèmes nationaux reconvoqués. Mais les sources d’inspiration de Michael McGlynn vont plus loin. Si mélodies distinctives et mélismes ornementés du sean nós, le chant traditionnel irlandais, ou les psaumes des Western Isles, l’ont très fortement influencé, l’excavation de ses affinités musicales est allée jusqu’aux Latins, en passant par Purcell, Hildegard von Bingen ou encore le poète visionnaire Rimbaud. Foulant les traces de ces poètes à la langue si bien maniée, Michael McGlynn part de l’idée que ces messages anciens doivent être racontés par la beauté de la chorale.
Sur le fil ténu de l’émotion, les sonorités cristallines des voix à l’unisson se téléportent jusqu’au firmament et plongent l’âme dans une contemplation, dans le désert des cieux de ces mêmes étoiles scintillantes. Et, avec délicatesse, l’état de grâce se fraie un chemin dans la lande irlandaise à l’instar du halo de lumière faisant scintiller la rosée encore dispersée sur les feuilles de la clairière.
Amour perdu, passage des saisons, mélancolie du temps qui passe, douceur de la nature apaisante…autant de sentiments en clair-obscur que la musique chorale d’Anuna, telle une étreinte éthérée, fait irradier par fulgurance, sous le sceau de l’évanescence pour que le secret des temps anciens s’épanche en musique. Ainsi, dans une pénombre abyssale, dans un embrasement crépusculaire, le contraste enchanteur se met à jour grâce aux fantômes pétris de grâce prophétique…la mythologie ésotérique hante les messages divulgués a cappella pour mieux orienter vers la guérison. L’Irlande, lieu ancien, délivre des échos, des résonances du passé. L’aura de son paysage instille à celui qui s’en inspire une compréhension subliminale de l’essence de la vie et du rapport à sa propre terre…la fragilité et la puissance de l’existence humaine, c’est ce qu’Anuna, à travers sa performance rituelle et théâtrale, véritable hommage aux cultes ancestraux sacrés, restitue au plus près de la réalité émotionnelle.