Jose Merce et Tomatito

Jose Merce et Tomatito

Jose Merce et Tomatito

JOSE MERCE, CANTE – TOMATITO, GUITARE

 

La guitare fait pleurer les songes. Le sanglot des âmes perdues s’échappe par sa bouche ronde.

Et comme la tarentule, elle tisse une grande étoile pour chasser les soupirs qui flottent dans sa noire citerne de bois.

POÈME DU CANTE JONDO, Graphique De La Petenera : Les six cordes.

Federico Garcia Lorca

 

Avec José Mercé et Tomatito, nous voici au cœur de l’épopée du flamenco, face à deux personnages légendaires issus des deux plus grandes dynasties gitanes de Jerez et d’Almería. Deux vies qui ont transcendé les limites de la tradition, cette tradition qui les a forgés, sculptés et exhortés à déclamer un cante jondo portant l’intensité de la vie, de leurs vies !

Indépendamment de leurs carrières fulgurantes, José Mercé et José Fernández Torres -alias « Tomatito » – reviennent à leurs racines et n’ont pas oublié les difficultés ayant égrené leur parcours après l’enthousiasme des premières passions. Tomatito a suivi très tôt les traces de Paco de Lucia -qui donnera son avant-dernier concert dans ce même festival en 2013- comme lui, il accompagnera le grand Camaron. C’est donc l’un de ses disciples qui revient sur cette scène magistrale de Bab Makina, lui-même devenu, entre temps, une véritable icône du flamenco. Tomatito reconnait : « à l’époque où j’ai vécu, la référence était Paco, pour nous tous et pour ceux qui viennent. En ce qui me concerne, je fais toujours attention à ne pas répéter les mêmes falsetas. J’essaie toujours de faire de nouvelles choses. D’offrir quelque chose de nouveau, surtout en pensant aux jeunes qui peuvent me suivre ».

Né dans l’illustre quartier flamenco “Santiago” de Jerez, José Mercé, arrière-petit-fils de Paco de Luz et neveu de Manuel Soto “Sordera”, est le patriarche du flamenco local. Alors qu’il n’était qu’un enfant, il chanta à l’occasion de la manécanterie de la Basilique de la Merced, ce qui lui donnera son nom de scène.

Le cante jondo, plus que toute autre voix, détient la particularité de nous déposer, par un arrêt et un silence brutal, au seuil du gouffre : celui du llanto, ébauche d’un pleur inexistant qui précède “ce silence ondulé” si bien décrit par Federico Garcia Lorca.

Virtuoses d’une variété indéniable de styles, José Mercé et Tomatito, peuvent voguer de la rumba à un « zambra » dédié à Lola Flores, la grande actrice, chanteuse et danseuse de Jerez de la Frontera, de fandangos de Huelva à une « bulería por soleá » ou une « seguiriya ».

Leur collaboration s’est concrétisée par un remarquable album intitulé « De Verdad » (Vraiment !) : « Nous l’avons appelé “Vraiment” parce qu’il est fait de cœur, de sentiment et d’âme. Nous voulons nous rappeler nos origines, depuis notre époque dans les tablaos. » (José Mercé)

C’est ainsi que s’exprime parfaitement, à travers ces deux figures incontestables, le miracle du flamenco, dans cette capacité à garder la vivacité d’un « premier cri » tourné vers les étoiles.