L’art du rubâb
Ustad Homayoun Sakhi. Robab
Ustashi Siar Hashimi. Tabla
« Si jamais un homme pieux se laisse aller au son du rubâb, il abandonne alors son tapis de prière pour cet instrument. » Proverbe afghan
Homayoun Sakhi est un musicien dont le destin est étroitement lié à celui du rubâb, luth emblématique de l’Afghanistan, dont les sonorités mercuriennes et incisives ont inspiré le sarod de la musique classique hindoustanie. Celui que l’on appelle « le lion des instruments » est évoqué dès le 7°siècle dans la littérature persane. Ce luth à cordes pincées dispose d’une caisse de résonance creusée dans du bois de mûrier qui est recouverte d’une peau de chèvre. Ses onze cordes sympathiques lui assurent un certain relief acoustique et procurent à l’artiste la possibilité de façonner des tessitures sonores évoquant aussi bien le vent des montagnes que la brise des palais. La famille du rubab s’étend, sous différentes variantes de facture, de l’Ouzbékistan à l’Iran en passant par le Tadjikistan (« rubab-i-Pamir »). Le compagnon de Guru Nanak, fondateur du Sikhisme, aimait à en jouer. En Afghanistan, lieu révolu de croisement des civilisations persane, indienne et asiatique, on l’appelle souvent le Kabuli robab.
Homayoun vit la passion de l’héritage qui se donne pour vocation de donner une nouvelle existence à un instrument de musique. A l’instar de Zakir Hussain ayant intronisé le tabla comme instrument universel, Homayoun transpose une inspiration, au-delà d’un ancrage, en l’occurrence celui de la Californie où il réside, pour mieux servir un art qui l’a précédé.
Le jeu de rubab d’Homayoun, c’est l’incandescence même des musiques traditionnelles, ce mélange de magie brute et de haute sophistication, prompt à réincarner magistralement l’âme d’une époque et enclin à la positionner face au mouvement du monde actuel.
Avec la complicité du tabliste Siar Hashimi dont la renommée n’est plus à démontrer, ce rendez-vous au sommet de l’art de l’improvisation promet d’être mémorable.