Enfant prodige de la Tunisie, grand maître du oud, vocaliste et compositeur, Dhafer Youssef juxtapose, dans son dernier album «Diwan of Beauty and Odd », la musique ancienne, mystique et hypnotique du soufisme avec la texture du jazz actuel. Dans un entretien, il dit s’intéresser « au soufisme comme au jazz quand il est spirituel chez Coltrane et même Miles Davis. ». Ce qui l’intéresse « dans le mysticisme aujourd’hui c’est l’esprit, la musique, et non pas la croyance en elle-même […] Mes improvisations et mes compositions naissent d’intuitions sans trop de réflexion, une sorte d’“illumination”.
« Diwan Of Beauty And Odd » nous emporte, évoque l’envol, la transe. Les vocalises, très haut perchées, en constituent un élément fondamental. Qu’il revendique une sensibilité à l’art du Tajwid (la psalmodie du Coran) est également un indicateur fort. Il dit lui-même que « quand [il était] petit, (s)es “rock stars” ont été les récitants du Coran Abdi El Basset Abdasamad ou Mohamed Omran, [et qu’il] les voit encore aujourd’hui comme des “jazzmen”. »