LAOUINA Abdallah

Professeur de géographie à l’Université Mohammed V de Rabat, Titulaire de la Chaire UNESCO-GN « Gestion de l’environnement et développement durable »

Quatrième session

Communication : Gestion durable de l’eau en montagne dans le contexte du changement climatique

 

Docteur d’Etat en Géomorphologie de la Sorbonne en 1987, Abdellah Laouina est professeur de géographie à l’Université Mohammed V de Rabat et titulaire de la Chaire UNESCO-GN « Gestion de l’environnement et développement durable ».

Il est titulaire d’un doctorat d’Etat sur la dynamique du calcaire. Il a travaillé sur la pédologie, la dégradation des terres et la conservation des eaux et des sols, en faisant intervenir des techniques naturalistes et des méthodes des sciences sociales. Il a dirigé de nombreux travaux de recherche et collaboré à plusieurs projets.

Il a aussi élaboré, pour le compte de l’Aménagement du territoire, du HDR50, du Haut-commissariat au Plan et l’IRES, des études sur l’environnement, les ressources naturelles et le changement climatique.

Il a édité et co-publié plusieurs ouvrages sur ces thématiques, en partenariat avec divers auteurs. Il a également publié plusieurs articles dans des revues scientifiques nationales et étrangères.

Il prépare actuellement l’édition d’un ouvrage sur l’expérience du projet DESIRE au Maroc, projet qui a duré cinq ans, financé par l’Union européenne et relatif à l’atténuation de la désertification, grâce à l’adoption participative de stratégies de gestion durable des terres.

 

COMMUNICATION : Gestion durable de l’eau en montagne dans le contexte du changement climatique

Dans les montagnes, la bonne gestion des terres et de leur couverture végétale assure une production régulée d’eau et permet d’éviter les effets d’érosion, d’envasement des retenues et de crue en aval. Dans plusieurs chaînes de montagne marocaines, château d’eau pour leurs piémonts et les plaines d’aval, l’exploitation abusive des ressources naturelles est la cause de phénomènes multiples de dégradation. Le déséquilibre climatique et hydrique, tel que l’indiquent les projections, aura un double effet de réduction des débits et de la biomasse, ce qui entraînera une exagération de magnitude des événements extrêmes, avec ce que cela peut avoir comme effets destructeurs.

Les efforts de Gestion Durable des Eaux et des Terres (GDET) des montagnes et des collines accidentées contribuent à la sauvegarde des ressources en eau en aval et à la durabilité des aménagements hydrauliques réalisés. Des mesures à l’échelle de la parcelle et sur micro-bassin, utilisant diverses techniques (notamment le suivi des états de surface des sols et du couvert végétal, la simulation de pluies sur micro-parcelles et le suivi hydrologique de micro-bassins) montrent clairement l’intérêt hydrique et morpho-sédimentaire des dispositifs de conservation des eaux et des sols.

Il est donc nécessaire de prendre en compte ces efforts dans la planification des affectations hydriques, notamment en vue de réduire l’inégalité très forte d’affectation entre l’amont et l’aval. Car, dans le contexte du changement climatique, l’irrigation, limitée trop souvent à un appoint d’eau en montagne, devient une condition de base pour l’amélioration des couverts végétaux et de la biomasse, en vue de garantir plus d’efficacité des aménagements de GDET et pour rehausser les rendements et donc intéresser les acteurs locaux à s’impliquer dans ces efforts d’aménagement.

Les dispositifs de GDET peuvent être par ailleurs, notamment dans les régions de vieille paysannerie, des éléments du patrimoine, à sauvegarder  et à valoriser, car ils représentent une composante de la diversité territoriale, paysagère et culturelle. Leur exploitation touristique et éducative est une opportunité non négligeable.

Ils méritent d’être enrichis et renforcés, pour constituer une base d’aménagement futur à étendre à des terroirs non encore aménagés, grâce au développement de techniques améliorées et avec l’utilisation de moyens mécaniques modernes, diminuant la pénibilité de la mise en place et de l’entretien de ces aménagements, originellement réalisés grâce à des générations d’efforts et d’action manuelle, dans un contexte  d’entraide, qu’il est souvent difficile de reproduire. Le paiement du service environnemental de gestion conservatoire devient donc totalement justifié et le partage plus équilibré de l’eau avec l’amont totalement légitime. Le concept d’eau verte actuellement discuté permet de justifier de tels choix pour un grand nombre de bassins-versants marocains.

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