La puissance ancestrale du rythme, chants et traditions musicales galiciennes – Espagne
« Ceo branco do luar, ceo azul do medio dia: son dous anacos de ceo a bandeira de Galicia. »
« Ciel blanc du clair de lune, ciel bleu du zénith : ce sont deux morceaux de ciel, le drapeau de la Galice. »
Ramon Cabanillas, poète galicien (1876-1959)
Les rythmes joués en Galice sont principalement des maneos, des jotas et des muiñeiras (dont le nom issu du moulin – muiño – fait référence aux paysans qui dansaient en attendant que le maïs soit broyé). Certains rythmes étaient liés à des chants de travail pratiqués lors des récoltes (lin, blé) ou par des muletiers comme l’arrieiro – lent comme le son des roues du chariot. Après le labeur du travail agricole, la coutume voulait que les villageois se réunissent sous l’auvent en bois d’une maison pour se mettre à chanter, danser et jouer de la musique…lors de ces réjouissances, les femmes étaient chargées de jouer la pandeireta (petit tambourin) afin que le reste de l’assemblée puisse danser. C’était à l’occasion de ces fêtes populaires (foliadas), toujours en vigueur aujourd’hui, que les villageois se rassemblaient et, s’ils en avaient la chance, trouvaient leur moitié.
La majeure partie du répertoire convoquée par le trio Fransy, Davide et Cibrán provient de l’assidu travail de collectage réalisé, depuis 1984, par Fransy Gonzalez et l’association Xiradela dans les villages de Bergantiños. Cette région, située au nord-ouest de la Galice et défiant l’Océan Atlantique, constitue un des territoires les plus riches en termes de variété de chants, danses et modes de jeu (toques). La tradition peut côtoyer l’avant-garde musicale et c’est ce que prouve à nouveaux frais cet ensemble. La temporalité créatrice de ces passeurs se situe à mi-chemin entre l’atavisme des villages – animés par les percussions: pandeireta, pandeira et pandeiro cuadrado – et le présent porteur d’innovations, à l’instar du violon expérimental de Cibrán. Anciennement réservé à la survie des aveugles miséreux, ses mélodies, agrémentées ici de pédale d’effets et de couches sonores, nimbent la musique traditionnelle galicienne d’une mystérieuse atmosphère extatique.
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