Psaume 33.
La profondeur et la perfection des voix, l’énergie fascinante des danses (notamment le guerrier lancer de jambe zoulou), le chatoiement des couleurs : avec le Soweto Gospel Choir, tout concourt à célébrer une spiritualité joyeuse et enlevée.
Exaltés quand ils chantent leur foi, drôles et d’une tonicité acrobatique lorsqu’ils se font danseurs ou même comédiens, cette petite trentaine d’artistes polyvalents maîtrise son sujet à la perfection.
En Afrique du Sud, la musique vocale occupe une place prépondérante. Des polyphonies vocales zouloues au chant des travailleurs migrants, elle s’infiltre partout. Dans les dernières années du régime de l’Apartheid (1948-1991), la foule des manifestants chantait en choeur des slogans revendicateurs (les toyi-toyi, une pratique originaire du Zimbabwe, que le président dictateur Robert Mugabe interdira en 2004).
Dans les églises, les sectes, très nombreuses en Afrique du Sud (4 500 Eglises différentes), comme sur tout le continent africain, et les chorales pullulent. Le gospel a trouvé là un terrain fertile pour se développer. Les cantiques européens et américains se sont mélangés avec les cultures, les langues locales. Le gospel est devenue la musique la plus populaire du pays, la plus vendue aussi, consommée surtout par la population noire, mais aussi par des afrikaners.
Depuis sa création en 2002, le Soweto Gospel Choir a fait une brillante carrière dans le monde. Il a enregistré six albums (dont deux ont reçu un Grammy Award américain). En Afrique du Sud, certains observateurs parlent de succès rémunérateur pour les producteurs mais pas pour les artistes, qui toucheraient un cachet ridicule.
Le Soweto Gospel Choir, qui a pour parrain l’ancien archevêque Desmond Tutu, Nobel de la paix en 1984, a créé en 2004 sa propre fondation: le Nkosi’s Haven Vukani, qui vient en aide à des enfants sud-africains rendus orphelins par le sida. Le choeur a aussi participé au premier concert 46664 (numéro matricule de Nelson Mandela lorsqu’il était en prison), en 2003, en faveur de la lutte contre le sida.
D’après un article de Patrick Labesse (Le Monde Culture) –