Mahatma Gandhi
Les danseuses et chanteuses Teratali (tera : douze, tali : rythmes) sont les petites déesses colorées des temples du Rajasthan dont la danse, l’une des plus extraordinaires en Inde, se mélange avec le sacré et le rituel du quotidien. Avec une rare précision, deux cymbalettes manjirat, fixées à la main par un long fil, tournoient en l’air et s’entrechoquent (chhut manjira) contre d’autres cymbalettes, elles-mêmes fixées sur les avant-bras et les mollets des danseuses de la caste kamad. Cette caste est liée aux Meghwal, les tisserands (ou également tanneurs au Rajasthan).
Comme la lumière du soleil se reflète sur la lune, la lumière d’une bougie effleure la surface de ces cymbalettes envoûtées par leur ronde cosmique, un sabre (talwar) entre les dents. Ce cérémonial magique est un rite dévotionnel (bakhti) dédié au grand saint Baba Ramdev dont le poète, qui accompagne ces danses à la tambûrâ (tandûrâ au Rajasthan), célèbre la vie au même titre que celle de Kabîr, le plus grand poète indien lui-même appartenant à la caste des tisserands. A la fois hindou vishnouïte et musulman soufi, mais lié aussi au shivaïte Natha yoga et Gorakhnath de l’Inde du nord, il prêchait la non-violence. Ahimsa anticipait ainsi le Mahatma Gandhi à l’instar également de son rapport à la dhoti indienne et au châle -en coton filé avec un charkha (rouet).