Nous ressentons le besoin urgent d’un théâtre que les événements ne dépassent pas, dont la résonance en nous soit profonde, domine l’instabilité des temps; un théâtre constitué par une poésie dans l’espace, scandée par le corps gestuel, par un nouveau langage physique à base de signes et non plus de mots. Le théâtre oriental à tendances métaphysiques est donc opposé au théâtre occidental à tendances psychologiques.

Antonin Artaud, Le Théâtre et son Double

Kecak, Barong, Legong, Topeng, Pendet… plus d’une cinquantaine de théâtres dansés existent à Bali. Chacun évoque princesses, Dieux, démons et guerriers mythiques, généralement tirés de l’épopée hindoue du Ramayana. Les costumes très riches et la gestuelle contraignante, stylisée à l’extrême, intriguent et fascinent. Les représentations sont toujours accompagnées de l’orchestre balinais, le Gamelan.

Cet ensemble est dirigé par I Made Djimat, un des danseurs les plus connus de l’île de Bali, sinon le plus grand. Né dans le village de Batuan (Sukawati-Gianyar-Bali-Indonésie) en 1948, il est le fils de I Nyoman Reneh, artiste sculpteur et peintre et de Ni Ketut Cenik, une danseuse légendaire. A cinq ans, ” l’Enfant t prodige” danse dans le temple de son village. Passionné, il quitte assez tôt l’école publique pour poursuivre ses études avec de grands maîtres comme Anak Agung Raka, I Nyoman Kakul à Batuan ou encore, I Made Marya, le grand créateur de danse de style Kebyar.

A l’âge de 16 ans, il fait sa première tournée à l’étranger et, à 18 ans, il remporte le premier prix du festival balinais en tant que meilleur interprète de Baris (danse guerrière) et deux ans plus tard en tant que Jauk (démon). Sa renommée s’établit sur l’île et il devient l’interprète le plus talentueux de Topeng (jeu masqué rituel). Bientôt, il organise son propre ensemble musical (Panti Pusaka Budaya, renommé plus tard Tri Pusaka Sakti) avec lequel il atteint l’excellence dans de nombreuses formes de théâtre balinais.