Ensemble Mtendeni Maulid de Zanzibar
Sheir Hamid Hossein Ahmad, Sheikh Ghanan et leur Ensemble de Haute-Egypte
Papa Djimbira Sow, le chant des khadres soufis du Sénégal
Samâ’a de Fès
Le corps de l’homme est bien petit par rapport à l’esprit qui l’habite.
Proverbe africain
Dans la nuit africaine, la voix du munshid (le chanteur religieux), qu’il soit de Zanzibar, de Haute-Egypte ou du Sénégal, refaçonne et scande les mots d’un monde poétique où amour mystique, angoisse de l’absence et abandon du corps (sultâna) se côtoient.
Forgées par des pèlerins, sages et voyageurs d’antan, les différentes voies mystiques (tariqâ) d’Afrique prolongent un univers confrérique dont les racines remontent à l’Orient.
Ces multiples déclinaisons vont du rituel dhikr des hommes de Zanzibar, appartenant à la confrérie Rifaï, jusqu’à celui du petit village de Deir en Haute-Egypte, prodigué par les hommes de la confrérie Naqshbandiyya. Les premiers évoquent, en rang et à genoux, le mouvement des vagues de l’océan, dans une longue ondulation aux courbes serpentées, tandis que les protagonistes du second, à l’instar de guerriers d’une tribu antique, penchent frénétiquement leurs corps de gauche à droite, portés par la voix du munshid, autour de quelques bancs de bois accolés, des guirlandes d’ampoules en guise d’éclairage.
Cette voix du munshid est celle d’un autre Islam : pendant une multitude de nuits blanches, elle scande des mots arrachés à l’Islam de la rue, du village, des gallabiyas et des chichas – un Islam d’un monde rural profondément épris de poésie mystique.
Enfin, grâce à la lecture de récits de l’emblématique historien de la tradition peule Amadou Hampâté Bâ, nous découvrirons les chants khadres de Papa Djimbira Sow, avant de revenir vers la médina de Fès à la rencontre de la voie Tidjaniya, à laquelle il fut initié.