AI LHAJ Abderrahmane

Professeur, Chef du département d’appui à la recherche à l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et l’Arganier (ANDZOA)

Quatrième session

Communication : L’eau dans l’écosystème Arganeraie : défis et leçons de durabilité

 

Depuis 2013, Abderrahmane Ait Lhaj œuvre à l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier comme coordinateur du programme d’Appui à la Recherche Scientifique sur l’Arganier. Il coordonne l’organisation du Congrès International de l’Arganier pour les éditions 2011, 2013 et 2015. Il est par ailleurs l’ancien Directeur Régional de la Recherche Agronomique à Agadir au niveau de l’Institut National de la Recherche Agronomique. Avant de gérer des projets de recherche, il a été amené à travailler sur des questions traitant de l’Aridoculture, des agroécosystèmes, de l’adaptation au CC et de l’animation des interfaces Recherche-utilisateurs des résultats de la recherche. Il a aussi été Président de la Fédération Nationale des Ayants droits Usagers de l’Arganeraie.

 

COMMUNICATION : L’eau dans l’écosystème Arganeraie : défis et leçons de durabilité

L’Arganeraie, dernier rempart contre la désertification, occupe une place importante, compte tenu de ses rôles multiples, interdépendants et déterminants pour le développement socio-économique du sud-ouest du Maroc. Berceau d’une biodiversité riche et d’un endémisme remarquable des espèces qui la compose en particulier l’arganier (Arganiaspinosa), l’Arganeraie est reconnue comme Réserve de Biosphère. D’autre part, le savoir-faire ancestral, en matière de gestion des ressources naturelles en particulier liés aux techniques de conservation des sols, de collecte, de partage et de valorisation de l’eau, a largement contribué à sa durabilité. Malgré la fragilité de cet écosystème il continue à produire l’essentiel de l’eau destinée à l’irrigation des plaines du Souss et du Massa et à l’approvisionnement de plus de 3 millions d’habitants.

En premier lieu c’est à cause de l’eau et pour satisfaire ses besoins, faire prospérer une économie locale et protéger l’environnement, que l’Homme dans l’Arganeraie a eu recours à une diversité d’aménagements et à beaucoup de concertation à travers une organisation communautaire bien rodée. A cet égard, on se rend facilement compte, en parcourant les paysages diversifiés de l’Arganeraie, que l’essentiel des aménagements sont mis en place pour administrer en priorité la production et maîtriser la gestion de l’eau. Deux éléments se démarquent pour illustrer l’ingéniosité de ces populations et servir de cas d’école.

  • Les terrasses agricoles : nécessaires pour la pratique de l’agriculture en pente par l’adoption de systèmes d’exploitation intégrés et durables (agro-forestier ou agro-sylvo-pastoral).
  • L’Agdal : une pratique qui incarne un niveau d’intégration remarquable des dimensions technique, institutionnelle et environnementale de la gestion des ressources naturelle. Désormais reconnu comme élément déterminant dans la survie de l’Arganeraie à l’instar d’autres écosystèmes au Maroc.

Bien que l’enjeu de la dégradation de cet espace ne soit pas aussi récent, l’ampleur est alarmante à cause d’une surexploitation reconnue. Le couvert végétal de plus en plus épars accélère la vulnérabilité des terres à l’érosion. Ce phénomène est aggravé par les changements climatiques et l’abandon des pratiques « d’agroforesterie » en terrasse. Les ressources naturelles, en premier lieu l’eau, subissent les conséquences désastreuses de cette situation.

Malgré les défis présents, l’Arganeraie demeure un laboratoire qui offre un savoir important et des opportunités d’apprentissage. Outre la valeur de  ces connaissances, l’important c’est de les utiliser. D’abord, pour concevoir des modes alternatifs de gestion et des mesures pour renforcer la résilience et favoriser l’adaptation des écosystèmes et des communautés aux changements globaux. Ensuite, appuyer les initiatives et les  acteurs  engagés pour réinventer le futur de cet espace.

C’est une mission entamée par plusieurs acteurs avec l’Agence Nationale pour le Développement des Zones Oasiennes et de l’Arganier. La présente communication se propose de contribuer au débat en interrogeant les leçons apprises de l’Arganeraie en matière de gestion de l’eau dans les écosystèmes fragiles.

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