Rarement interprète du répertoire andalou, maîtrisant également l’’aroubi et le hawzi, n’aura mis autant de passion dans l’exercice de son art. Pourtant, initialement, Beihdja Rahal, née à Alger, n’avait pas envisagé une carrière artistique. En 1974, elle débute sa formation au conservatoire. Elle choisit l’arabo-andalou comme discipline et la mandoline comme instrument. Elle côtoie les maîtres Abderrezak Fakhardji et Mohamed Khaznadji. En 1982, elle rejoint le fameux orchestre El Fakhardjia et, dans la foulée, en avril de la même année, elle effectue ses premiers pas scéniques à l’Opéra d’Alger, où elle se distingue par l’interprétation d’un long solo de la nouba hsine.
En 1983, feu Maître Abderrezak Fakhardji, la choisit pour interpréter une nouba complète lors d’un concert diffusé également à la télévision algérienne.
Co-fondatrice de l’orchestre Essoundoussia en 1986, Beihdja participe, un an plus tard, à la production de quatre enregistrements édités par cet orchestre.
Elle s’installe en France en 1992 et commence une série d’enregistrement dès 1995. Encouragée par l’accueil exceptionnel du public, Beihdja s’investit à fond dans son ouvrage, réalisant, en dix ans, le tour de force de mettre «en boîte» les douze noubas de l’école algéroise la çanaâ.
Forte d’un enseignement théorique poussé et douée d’un talent exceptionnel, Beihdja Rahal rayonne dans l’interprétation du mode andalou, ce style musical classique qui ne vaut précisément que par l’authenticité et la pureté de son jeu. L’andalou se joue forcément avec des instruments traditionnels tels que le târ la derbouka, le ‘ud, le violon, la kouitra et son exécution impose le respect total de ses règles, de son harmonie, de ses rythmes et de sa ligne mélodique. Son interprétation exige de la chaleur, de l’âme et du sentiment. Celle qu’en propose Beihdja Rahal dégage une atmosphère émotionnelle qui a comblé le public à chacune de ses apparitions en Europe et dans le monde.
Depuis plus de quinze ans, et dans un souci de sauvegarde de ce patrimoine classique, elle donne des cours de musique et de chant à Paris. Les enfants sont sa priorité, ils sont la relève de demain. Elle a créé son association Rythmeharmonie, où elle assure des cours de chant et d’instrument à des adultes, amateurs et professionnels.
Avec Saadane Benbabaali, professeur de littérature arabe et spécialiste du muwashah andalou, elle co-écrit deux ouvrages La plume, la voix et le plectre et La joie des âmes dans la splendeur des paradis andalous.
L’andalou est ici porté à son firmament par la voix cristalline et l’orchestre enchanteur de la première dame ayant enregistré les douze modes de la musique classique arabo-andalouse, une première dans l’histoire de cet art, jusque-là chasse gardée des hommes. Beihdja n’entend pas s’arrêter en si bon chemin, comme en témoigne sa discographie: Avec un 2ème tour des douze noubas, elle est à son 24ème album.
Beihdja Rahal à la kouitra, sera accompagnée de Nadji Hamma au ‘ud et de l’orchestre de Maitre Mohamed Briouel.