VIVIERS Didier
Professeur d’histoire et d’archéologie, Recteur de l’Université libre de Bruxelles
Deuxième session
Communication : L’eau, le pouvoir et la ville
Historien et archéologue, Didier Viviers enseigne l’histoire du monde grec antique et l’archéologie méditerranéenne à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il a été membre et professeur associé de l’École française d’Athènes (Grèce) et a enseigné dans plusieurs universités européennes, dont l’École Pratique des Hautes Études de Paris. Membre de l’Académie royale de Belgique depuis 2006, il est également vice-président du CIERGA (Centre international d’étude sur la religion grecque antique) depuis 2009, Honorary Professor et Conseiller pour la politique internationale de l’Université Beihang à Pékin depuis 2014. Membre du comité de rédaction de plusieurs revues internationales, il est co-directeur de la Revue belge de Philologie et d’Histoire.
Didier Viviers est actuellement Pro-Recteur de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il a été Vice-Doyen puis Doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de cette Université, dont il fut Recteur de 2010 à 2016. Il a, à ce titre, présidé la Conférence des Recteurs francophones de Belgique (CRef) en 2010-2011 et en 2015-2016 ainsi que le Conseil d’administration du Fonds national belge de la Recherche Scientifique (FRS-FNRS) de 2011 à 2013.
Didier Viviers fut le premier Président de l’Académie de recherche et d’enseignement Supérieur (ARES) qui organise l’ensemble de l’enseignement supérieur francophone de Belgique. Il préside actuellement le Conseil du Réseau français des Instituts d’Études avancées (RFIEA) ainsi que plusieurs fondations belges. Il a également présidé plusieurs comités d’évaluation d’institutions de recherche tant en Suisse qu’en France. En 2016, le gouvernement français lui a conféré le titre d’officier dans l’Ordre des Palmes académiques.
Son principal champ de recherche scientifique concerne la citoyenneté grecque, les processions, l’histoire urbaine du monde antique et l’économie des cités grecques (avec un focus particulier sur le statut social des artisans et leur rôle dans l’économie grecque).
À propos de l’eau dans les cités antiques, Didier Viviers a étudié, en collaboration avec le Dr Ing. Benoît Haut, le système d’adduction d’eau de la ville antique d’Apamée de Syrie dans plusieurs publications récentes.
COMMUNICATION : L’eau, le pouvoir et la ville
L’eau est un élément primordial et déterminant de tout établissement humain durable. Les puits en témoignent, dès les premiers développements des cités grecques, et les citernes n’ont cessé d’assurer un approvisionnement indispensable tout au long de l’Antiquité.
Mais parmi les nombreuses modalités de gestion de l’eau, l’approvisionnement public, notamment par le biais d’aménagements spectaculaires, est une pratique qui a tout particulièrement apposé sa marque dans l’urbanisme des villes antiques et manifesté aux yeux de tous la force — et l’efficacité — d’un pouvoir politique, perçu comme bienfaiteur des populations. Ce que l’on pourrait sommairement qualifier d’eau courante s’oppose non seulement à l’ « eau sauvage » (celle des rivières, des torrents ou des lacs ) mais aussi souvent à une « eau locale » (celle que l’on puise sur place) et, dans certains cas, à une « eau privée » (celle qui alimente des habitations privées).
Cette « eau courante », manifestation d’un pouvoir, présenté comme protecteur de la population urbaine, fut une préoccupation des tyrans grecs de l’époque archaïque, que ce soit à Samos, à Athènes ou à Mégare ; elle le fut aussi pour l’empereur ou de hauts personnages de l’Empire, à l’époque impériale romaine, si l’on pense notamment à la construction des grands aqueducs.
Nous ne nous concentrerons pas tant sur ces travaux qui ont permis l’adduction de l’eau au cœur des villes de l’Antiquité, parfois à partir de points de captage relativement éloignés, mais plutôt sur la manifestation de ce bienfait au sein du tissu urbain et, partant, sur l’affirmation urbanistique du pouvoir. Pour ce faire, deux types d’édifices seront évoqués : les fontaines et les bains.
Les fontaines sont en effet des marqueurs essentiels de la richesse des villes ; leur position au sein du tissu urbain est elle-même révélatrice et rend visible, en quelque sorte, au cœur de la cité, le pouvoir de celui qui procure l’eau à la population. L’évolution de l’implantation urbanistique des fontaines, à l’époque hellénistique, continue certes à souligner la valeur symbolique de l’eau, mais les grandes fontaines publiques ne sont plus guère à la mode dans un paysage urbain où la fontaine sacrifie son indépendance architecturale pour servir d’agrément à un autre édifice (gymnase, théâtre).
Les fontaines et nymphées retrouveront à l’époque romaine une réelle importance urbanistique. Parallèlement, les bains publics structureront les quartiers urbains. La ville d’Apamée de Syrie, tout comme celle, voisine, d’Antioche en offrent de beaux exemples, qui témoignent de la place centrale de l’eau publique dans la structuration des urbanismes romains d’Orient.
C’est ainsi une rapide histoire du rôle de l’eau dans l’organisation des villes antiques qui sera parcourue, laissant entrevoir la place structurante de sa distribution dans la construction des sociétés urbaines de l’Antiquité.
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09:00 Salle Arrondissement Fès Médina