Hommage à “Oum Kalthoum” – Egypte et monde arabe
Vendredi 13 MaiÂ
Bab Al Makina – 21h00
Hommage à Oum Kalthoum – Egypte et monde arabe
L’ensemble Kawkab El Sharq issu du grand orchestre de l’Opéra du Caire
L’aura de celle que l’on surnomma « l’Astre de l’Orient » plane toujours dans les rues animées du Caire ; sa voix enchanteresse surgit sans cesse des taxis ou des échoppes. Irremplacée et irremplaçable, elle incarne la nostalgie d’un monde où l’émotion dite tarab se diffusait sur toutes les radios d’Orient comme une puissante onde percutant les cœurs. La quête de cette extase, pratique musicale chère à la tradition orale arabe, nous ramène au limon fertile du delta du Nil et à sa profusion d’histoires…
Un certain imam dans la petite ville d’al-Sinbillawayn, dénommé Ibrahim El Beltagui, donnera à sa cadette le nom de la troisième fille du Prophète : Oum Kalthoum. Il interprète régulièrement des chants religieux lors des cérémonies aux alentours. La petite paysanne fréquente alors l’école coranique (kouttab) et à l’écoute de son père, elle s’imprègne de ce répertoire, dispensant son talent de sa voix déjà puissante. À tout juste dix ans, son père la fait entrer — déguisée en garçon — dans la petite troupe de cheikhs qu’il dirige dans le cadre des mawlids locaux. À seize ans, elle est remarquée par un chanteur déjà célébrissime, Abu al-Ila Muhammad, et par un joueur de luth, Zakaria Ahmed, tous deux l’invitant à les accompagner au Caire. Elle répondra à l’invitation et se produira dans de petits théâtres, fuyant soigneusement les mondanités.
L’histoire, riche et exaltée, ne saurait être résumée ici. Oum Kalthoum était le symbole d’une unité par-delà les religions, un objet de dévotion sans commune mesure. Sans doute au contact des monuments chantés par El Sett (« la grande dame »), chacun et chacune revivent une époque où l’art vocal se façonnait sous l’inspiration de la nature et de la psalmodie coranique. Dans une tradition où la passion pour la femme se doit d’être sublimée, Oum Kalthoum a catalysé désir, chaleur et trouble, tout en promulguant espoir et consolation. La force de sa passion puisant dans une orthodoxie musicale l’a érigé en héroïne universelle. Les hommes mirent leurs mots à ses pieds afin qu’elle leur donne vie. Ahmad Rami, génie de la parole, Ahmad Chawki, « l’émir des poètes », Tahar Facha le passionné ou encore Ahmad Chafik Kamel le romantique, tous l’ont célébré… Mohammed Abdel Wahab, le grand compositeur égyptien consacrera une large partie de sa carrière à la muse.
La mémoire d’Oum Kalthoum se perpétue en dehors des enregistrements existants par de véritables reprises et hommages ainsi qu’en témoigne ce concert.
Quarante ans après la disparition de la diva, Dr. Inès Abdel Daïm, présidente de l’Opéra du Caire, décide de fonder l’ensemble Kawkab El Sharq dans un souci d’exigence artistique et de fidélité à l’esprit musical d’hier. Les musiciens de l’ensemble, issus de cet orchestre de notoriété nationale, se produisent tous les premiers jeudis de chaque mois, comme avait l’habitude de le faire Oum Kalthoum. Quelques-uns des plus talentueux chefs d’orchestre et chanteurs solistes célèbrent ainsi la « Voix incomparable », ainsi que la surnommait Maria Callas en personne.