La Geste Hilalienne chanté par les derniers poètes de Haute-Egypte
Ramadan Hassan, Mohammed Haza Nasra al Din et les Musiciens du Nil
«Les Beni Hilal sont des hommes d’une grande bravoure et très riches. Ils font dans les 6000 beaux cavaliers et sont bien armés…
«Léon l’Africain – Description de l’Afrique»
Venus des profondeurs de la Haute-Egypte, portant d’épaisses gallabiyas sombres, majestueusement enturbannés dans leur rêve ancestral, les Musiciens du Nil depuis maintenant une trentaine d’années sillonnent le monde.
Originaires de la région de Louxor et des villages avoisinants, Les Musiciens du Nil, virtuoses de la rababah, cette vièle en crins de cheval, noix de coco et peau de poisson nilotique, donnent incarnation au chant traditionnel sous sa forme épique et aux chansons «chaabi» du «saî’id» (la Haute-Egypte).
Comme les vieux bardes d’antan, musiciens de village et nomades des fêtes traditionnelles, ils parcourent à dos d’âne ou de jet les espaces et les cultures. Issue d’une transmission orale sans faille, la voix chaleureuse déclame la nuit, l’émerveillement d’un soir étoilé. Dans un déferlement de trilles, l’archet frotte, percute le crin, et l’on évoque le quotidien de la vie du Nil dans une poésie simple, pleine de sous-entendus naïfs, où l’on se rend sur le marché de l’amour, où le train symbolise l’éloignement, la canne de sucre: la douceur …
Ainsi les Musiciens du Nil, traversant les décennies, restent les garants d’un monde traditionnel toujours vivant, leur naturel et leur spontanéité font d’eux les musiciens intemporels de ce grand fleuve mythique.
L’épopée de la geste hilalienne évoquée par Hassan Wazan (Léon l’africain), est encore chantée par quelques rares poètes d’origine tsigane de Haute-Egypte. Elle raconte l’invasion du Maghreb au XI° siècle par les Beni Hilal et Beni Soleim venus de la péninsule arabique. Le personnage emblématique de cette épopée est Abu Zayd Al-Hilali, chevalier et poète (chaer) noir comme un corbeau, dit l’histoire.