les masques des griots sont l’incarnation de la divinité Do. Dès qu’il a revêtu l’habit «blanc», l’initié cesse d’être un homme: toutes les relations qu’il entretenait avec ses parents, ses amis sont suspendues. La parole – symbole de la condition humaine – ne lui appartient plus: il ne fait plus entendre que le cri du Do et personne, désormais, ne peut l’interpeller. Participant à la puissance de la divinité, il est irresponsable de ses actes et tout lui est permis. L’apparition des masques provoque la joie et déchaîne des excès corporels (danses anarchiques, mouvements désordonnés) et affectifs (enthousiasme, surexcitation) qui marquent bien le caractère de «fête» que revêt le retour de Do sur la terre.
Certains d’entre eux représentent de nombreux animaux (zèbre, coq, poulet, panthère, etc.) et d’autres sont chargés de la sécurité pour le bon déroulement de la manifestation.
Dans le labyrinthe des rues qui serpentent les cases du village de Bereba, le son des clochettes au loin invoque la présence des génies. Des voix de crécelle You! You! Youha! vrillent dans l’air. Les danseurs porteurs de masques rivalisent de charme et de connaissance dans les nombreux pas de danses. Portant leurs panaches étincelants, leurs grelots sont attachés à leurs mollets. Les pieds battent le sol en cadence et le tintement sonore des grelots scande le rythme du mouvement: Pansan! … pansan pansan pansan! … pansan! Les gestes sont souples et énergiques.
Les masques blancs sumbo poa appelés également «masques de tissus» appartiennent aux griots de Bereba: la famille Bihoun. Maîtres de la parole, fidèles gardien de la tradition orale, conservateurs incontestés des mœurs ancestrales, musiciens de toutes les occasions de la vie sociale, les griots ont la responsabilité de la musique au sein de la communauté bwaba.
Ces masques blancs confectionnés en tissus aux crêtes richement décorées de cauris ne dansent que la nuit au clair de lune. Très spectaculaires, leurs danses énergiques et acrobatiques sont accompagnées par le xylophone tiohoun, des tambours et un chœur de femmes. Le xylophone est l’instrument qui occupe une grande place dans la société bwaba. Il est présent dans toutes les activités de l’homme: culture, lutte, réjouissances, funérailles, initiations, etc.